Claude est un professionnel de 52 ans. S'il a cessé depuis quelques années la pratique de l'échangisme, ce n'est certes pas faute d'avoir aimé ses multiples expériences, mais plutôt parce que sa conjointe et lui sentaient qu'ils avaient suffisamment pimenté leur relation et ils préféraient revenir à la monogamie, sans pour autant qu'elle soit synonyme de monotonie. Ce qui a poussé Claude à vouloir tenter l'expérience? «Je voulais tout simplement réaliser un fantasme, celui de faire l'amour à plusieurs.» À cette époque, il était en couple depuis environ cinq ans, il a fait part de son désir à sa conjointe, laquelle s'est montrée enthousiaste et a accepté sa proposition.

Soirée échangiste

«Au début, nous avons recherché les petites annonces de massage, se souvient Claude. Mon épouse se faisait masser et j'étais simplement voyeur. C'était très excitant, de voir un autre homme toucher ma femme. Graduellement, nous avons décidé d'un commun accord d'élargir notre expérience et de tenter de trouver des couples avec qui nous pourrions partager des moments intimes. C'était loin d'être évident, au moyen des petites annonces! Nous recevions des appels de gens qui niaisaient, qui disaient qu'ils voulaient, mais il ne se passait rien en fin de compte. On a donc délaissé ça pour les clubs échangistes. Nous sommes allés au club Coeur à corps, qui n'existe plus aujourd'hui. Les règles étaient très strictes, même si l'endroit n'était qu'un lieu de rencontre et qu'aucun acte sexuel ne se déroulait sur place. Il s'agissait en fait d'un bar, avec une piste de danse sur laquelle nous «faisions connaissance». Les échanges étaient minimes sur la piste. On discutait, on se présentait, on présentait son conjoint, on s'effleurait, on se caressait, mais les véritables ébats se déroulaient chez les gens.

Nous avons toujours rencontré des personnes sympathiques, ouvertes, sérieuses, que nous avons revues à plusieurs reprises, chez elles ou chez nous. La plupart des couples qui fréquentaient le club travaillaient dans des milieux professionnels: avocats, médecins, enseignants. Nous n'avons jamais tenté l'expérience d'une partouze, car nous n'étions pas intéressés à ce type d'aventure, mais plutôt à la formule deux à deux. Personnellement, les partouzes ne m'excitent pas; on ne sait jamais qui vous pogne le derrière (rires), et je n'étais pas de toutes façons attiré par une relation homosexuelle, bien que j'ai tenté l'expérience une fois - expérience qui m'a confirmé que ce n'était pas ''mon trip''. Ce que nous aimions, c'était l'idée de partager, de discuter et d'échanger. Lors de nos rencontres, on mettait de la musique, on dansait, ensuite on prenait un café. Il ne s'agissait pas que d'une vulgaire baise, mais plutôt de découvrir autre chose, en bonne compagnie, et nos relations étaient toujours soft.»

Et le couple, dans tout ça? En a-t-il souffert?

«Absolument pas! À aucun moment, je n'ai eu peur de perdre ma femme. Je crois que pour tenter ce genre d'expérience, il faut être sûr de l'autre. Si le couple est trop fragile, c'est dangereux. Notre relation était suffisamment forte pour retirer de cette expérience un enrichissement. L'éventail sexuel permet d'aller voir d'autres choses ou de corriger des choses dans son couple. Nous avons été chanceux: nous n'avons jamais vécu de mauvaises expériences en sept ans et nous sommes mariés depuis 20 ans aujourd'hui!»